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Décryptages
27.6.23

Décarboner la production de l’acier : le problème des actifs échoués

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Décarboner la production de l’acier : le problème des actifs échoués

L’acier et sa production à partir de minerai de fer représentent plus de 7% des émissions de CO2 et sont considérés comme un secteur hard-to-abate. En effet, le procédé qui représente actuellement près de 70% de la production de fonte, dit à haut fourneau (BF pour Blast Furnace), consiste à réduire le minerai de fer grâce à du carbone (issu du charbon ou du gaz), résultant en des émissions très importantes de CO2 (compter 1.5 à 2 tCO2 pour 1 t d’acier).. La fonte est ensuite purifiée pour obtenir l’acier à proprement parler (procédé LD ou Basic Oxygen Furnace, BOF).

Une autre méthode de fabrication de fonte avec un fort niveau de maturité existe, la réduction directe du fer (Direct Reduced Iron, DRI), TRL 6-8. On expose le minerai, sans le faire entrer en fusion, à du monoxyde de carbone ou à de l’hydrogène pour le réduire, et un four à arc électrique (Electric Arc Furnace) permet ensuite de transformer le DRI en acier. Ce procédé représente aujourd’hui 10 % de la production. Le four à arc électrique permet également de traiter la ferraille et de la transformer en acier pour un coût énergétique modique (ce qui représente 20 % de la production actuelle).

Décarboner la production d’acier passe par l’installation de systèmes de capture du carbone sur un haut fourneau (il est cependant difficile de capter plus de 76% du CO2 émis, ce qui ne permet pas de descendre sous le seuil fixé par l’AIE pour un acier NZE), par l’installation de système de DRI fonctionnant à l’hydrogène et par un accroissement du taux de recyclage de la ferraille.

Dans un rapport sorti ce mois-ci, Agora Industry et le Wuppertal Institute montrent qu’avec les choix politiques et économiques adéquats, le secteur pourrait atteindre le Net-Zero d’ici le début des années 2040. Pour gérer le problème des éventuels actifs échoués, ils proposent de tirer avantage du fait que, d’après leur analyse, 70% des hauts fourneaux auront besoin de travaux importants d’ici 2030. En allouant une partie des fonds destinés à leur rénovation à l’installation de DRI ou de four à arc électrique permettant de traiter la ferraille, on pourrait décommissionner 90 % des hauts fourneaux d’ici 2040, au terme de leur durée de vie. Dans ce scénario, le facteur limitant est la capacité à installer ces nouveaux équipements et à assurer leur approvisionnement (notamment en hydrogène décarboné).

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