En Europe, le secteur des transports représente 29% des émissions de gaz à effet de serre (3.8 milliards de tonnes de CO2 en 2018). Camions et bus représentent 25% des émissions du secteur des transports (6% du total des émissions). La commission européenne a proposé le 14 Février un renforcement des objectifs de décarbonation des poids lourds et des bus. Les constructeurs devront réduire les émissions des nouveaux camions de 65% en 2035, par rapport à 2019, et de 90% en 2040. Afin de déterminer les solutions techniques à cette contrainte, il est nécessaire de posséder des analyses en cycle de vie des différentes options.
L’International Council on Clean Transportation vient de publier une analyse complète comparant les émissions de camions (12 tonnes et 40 tonnes) et bus urbains avec différentes motorisations: diesel (avec 7% bio-carburants), gaz (avec 5% de biogaz), pile à combustible à hydrogène, et électrique à batterie. L’étude prend en compte toutes les phases de fabrication et d’utilisation (pas le recyclage éventuel). Pour un camion de 40 tonnes, l’option batteries (en supposant le mix électrique européen de 2021) permet une baisse des émissions d’au moins 63% par rapport à un camion diesel. Le gain monte à plus de 75% à l’horizon 2030 (l’intensité carbone de l’électricité diminuant). En supposant que l’hydrogène est produit entièrement avec de l’électricité renouvelable, la baisse d’émissions permise par la pile à combustible est de 89% - il faut cependant noter que pour l’instant l’hydrogène est produit quasi exclusivement à partir de gaz naturel ou de charbon.
La disponibilité de grandes quantités d’hydrogène bas-carbone sera un élément limitant dans les années à venir ce qui, ajouté aux progrès récents dans les batteries, rend l’option des camions à batteries très attractive à court et moyen terme. De plus, ces derniers bénéficient des avancées rapides dans le domaine des batteries ainsi que du déploiement de l'infrastructure de recharge permis par le secteur des voitures électriques alors que l'infrastructure de distribution d'hydrogène est pour l'instant inexistante. Une conclusion que nous avions détaillée dans un rapport publié fin 2022.