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Rapports
18.10.21

Powering the world: how much energy will the world need?

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Powering the world: how much energy will the world need?

Quelle demande énergétique dans le futur ?

La disponibilité d’énergies fossiles abondantes, ainsi que le développement de technologies permettant de les extraire et de les exploiter, fut un des moteurs déterminants de l’émergence de notre société industrielle. La consommation énergétique mondiale a ainsi augmenté d’un facteur 28 entre 1800 et 2019. Hausse qui s’est encore accélérée au cours du 20ème siècle avec une multiplication par presque six entre 1950 et 2019. Cette abondance énergétique a permis une forte amélioration de la qualité de vie dans les pays industrialisés, comme le montre la corrélation, jusqu’à un certain seuil, entre indice de développement humain et consommation énergétique par habitant. Il y a cependant de très fortes disparités : la consommation par personne aux États-Unis est dix-huit fois plus élevée qu’en Afrique. Au vu des tendances passées, il reste à savoir jusqu’où la demande énergétique augmentera. C’est cette question que Zenon Research a étudié dans son dernier rapport.

Historiquement, il existe une très forte corrélation entre la consommation énergétique et l’activité économique mesurée par le produit intérieur brut (PIB). Jusqu’en 1970, la relation au niveau mondial entre PIB et énergie était linéaire. Depuis, le PIB mondial croit plus rapidement que la demande énergétique. Ainsi, entre 2010 et2019, la consommation énergétique a augmenté de 14 % alors que le PIB augmentait de presque 33 %.

L’étude de l’évolution de la demande énergétique des pays développés et en développement permet d’affiner ce constat global. La demande en énergie primaire a par exemple baissé de 18 % au Royaume-Uni entre 2000 et 2019, alors que le PIB augmentait de 34 %. Sur la même période, la demande énergétique aux États-Unis et aux Pays-Bas est restée stable, et celle de la France a baissé de 15 %, alors que leur PIB augmentait de plus de30%. Une explication souvent invoquée pour expliquer ces résultats est la baisse de la part de l’industrie dans le PIB, activité généralement énergivore, et l’augmentation de celle des services. Pour les États-Unis par exemple, la part de l’industrie est passée de 22,4 % en 2000 à 18,6 % en 2018.

Quantifier cet effet nécessite de s’intéresser à l’énergie grise contenue dans les marchandises importées, les activités industrielles des pays développés étant délocalisées dans les pays moins avancés. L’énergie grise désigne toute l’énergie mise en œuvre au cours du cycle de vie d’un produit ou d’un matériau, c’est-à-dire l’énergie nécessaire pour l’extraction des ressources, la transformation, la fabrication, le transport… à l’exception de l’utilisation finale. On peut alors définir l’emprise énergétique (analogue de l’empreinte carbone) comme la somme des énergies requises pour satisfaire les besoins en énergie (d’un individu ou d’unÉtat). L’emprise énergétique inclut donc l’énergie directe utilisée et l’énergie grise. Une étude sur 44 pays montre ainsi que pour les plus développés, l’emprise énergétique est en moyenne 18,5 % plus élevée que la consommation énergétique domestique. Plus le PIB par habitant d’un pays est élevé, plus grande est la part des importations dans son emprise énergétique. Mais l’emprise énergétique des pays développés stagne ou diminue depuis les années2000, comme le montrent notamment les cas de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et du Danemark. L’emprise énergétique de l’Union Européenne a baissé de près de10% entre 2006 et 2014. La baisse de consommation énergétique n’est donc pas attribuable à la délocalisation de la production. Les pays développés connaissent un pic dans leur demande énergétique et pour certains une baisse. Le niveau du pic dépend du pays, les États-Unis et le Canada (pays producteurs de pétrole) ayant des niveaux beaucoup plus élevés que l’UE ou le Japon.

 

L’évolution de la corrélation entre énergie par habitant et PIB par habitant semble très similaire pour différents pays avec une quasi-proportionnalité jusqu’à un certain niveau dePIB. L’emprise énergétique sature ensuite, voire diminue alors que le PIB continue de croître. Si cette tendance se confirme au niveau mondial, la demande énergétique mondiale tendrait vers une asymptote à une valeur 45%supérieure à celle de 2019- une augmentation significative mais en ligne avec les scénarios SSP (Shared Socioeconomic Pathways) utilisés par le GIEC. , l’Agence Internationale de l’Énergie, dans son scénario ‘Net Zero by 2050’ prévoit une baisse de la demande énergétique mondiale de 7% en 2050par rapport à 2020, ce qui implique de fortes baisses dans les pays développés.La majorité des scénarios recensés dans un rapport récent du Joint ResearchCentre européen prévoient des baisses de consommation d’énergie finale allant entre 30 et 38% d’ici 2050. Scénarios en ligne avec la Stratégie Nationale BasCarbone française qui prévoit, pour la France, une baisse de 35% de la consommation d’énergie finale en 2050 (et une augmentation de la production électrique) et donc une accélération des tendances passées. Il faut noter que ces chiffres parlent de consommation énergétique et prennent en compte les importations seulement pour les émissions de CO2 (via l’empreinte carbone) mais pas pour l’énergie.  

 

Tous ces scénarios supposent une économie en croissance, et les tendances des 20 dernières années montrent que l’économie peut en effet croître avec une consommation d’énergie territoriale et une emprise énergétique en baisse. Les baisses de consommation envisagées pour atteindre la neutralité carbone impliquent cependant un découplage plus fort que celui observé.

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