Une des grandes questions pour 2022 était de savoir quelles seraient les conséquences de l’invasion de l’Ukraine sur l’approvisionnement mais également sur la transition énergétique, notamment en Europe. S’il est trop tôt pour tirer des conclusions pour le long-terme, plusieurs tendances intéressantes se dégagent.
L’European Electricity Review 2023 montre qu’en plus du prix du gaz, 2022 a été marquée par une production historiquement basse pour le nucléaire (notamment en France) et l’hydro-électricité - créant un déficit égal à 7% de la consommation européenne d’électricité. Ce déficit a été compensé par du charbon (production 7% supérieure à 2021) mais surtout par une forte hausse de la production solaire et éolienne, ainsi que par une demande en baisse. Si un rebond du charbon était craint (56 centrales avaient été remises en service pour assurer la production), il fut finalement très faible. La forte hausse des renouvelables (+9% de production pour l’éolien, +24% pour le PV) est appelée à continuer dans les années à venir, l’Europe ayant rehaussé ses ambitions pour 2030.
Autre fait marquant de 2022: pour la première fois les investissements dans la transition énergétique ont dépassé le seuil des 1000 milliards de dollars. Ces investissements sont en forte hausse - ils ont doublé depuis 2019 - et pour la première fois, ils sont équivalents aux investissements dans les énergies fossiles (qui ont également augmenté ces dernières années). Quasiment 50% de ces investissements se font dans les énergies renouvelables, et environ 46% dans la mobilité électrique - le stockage ne compte que pour 2% des investissements. Si cette tendance est encourageante, l’IEA estime que le niveau d’investissement devrait dépasser 4000 milliards d’ici 2030, quand la Climate Policy Initiative table sur plus de 5000 milliards par an jusqu’en 2050 pour rester sous les 1.5 degrés.
Il faut noter que le domaine de l’adaptation reste très peu financé, alors que les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles.