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10.10.23

Hydrogène bas carbone : la demande toujours à la traîne

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Hydrogène bas carbone : la demande toujours à la traîne

Chaque année, l’IEA publie son Global Hydrogen Review, un rapport suivant l’évolution de la production et la demande mondiale d’hydrogène. L’édition 2023 s’intéresse en particulier à la demande en hydrogène bas-carbone qui peine à émerger et met en péril les efforts déployés par les acteurs publics et privés.

En effet, même si la demande mondiale d’hydrogène a atteint 95 Mt en 2022, elle n’a augmenté que de 3% par rapport à l’année précédente et s’est principalement dirigée vers les usages historiques (raffinage, ammoniac…) avec moins de 0,1% de la demande allant aux nouveaux usages (transport, industrie lourde, production d’électricité). 

L’hydrogène bas-carbone a lui répondu à seulement 0,7% de la demande mondiale, ce qui n’a pas empêché le secteur d’émettre plus de 900 Mt de CO2. 

En parallèle, le nombre de projets d’hydrogène bas-carbone annoncés augmente rapidement. La capacité de production pourrait atteindre 38 Mt en 2030 si tous les projets sont réalisés (soit une hausse de 50% par rapport aux projections réalisées en 2021) dont 27 Mt venant de l’électrolyse de l’eau et 10 Mt venant de combustibles fossiles avec CCS.

L’électrolyseur est la technologie clé, avec la Chine comme leader en termes de capacité installée (1,2 GW attendus soit 50% de la capacité mondiale installée à la fin de 2023). Les producteurs d’électrolyseurs sont eux-aussi ambitieux puisqu’ils visent une capacité de production de 155 GW/an dès 2030 (14 GW/an en 2022).

Malgré tout, de nombreux obstacles pourraient mettre en péril cette montée en charge : l’inflation a augmenté les coûts financiers et de capitaux, la durée entre l’annonce des programmes de soutien et l’accès aux financements est trop longue ce qui met les investisseurs en difficulté, la réglementation actuelle manque encore de clarté et diffère selon les pays ce qui retarde les décisions finales d’investissement (FID), et le déploiement de l’infrastructure (transport, stockage) est trop lent pour permettre les échanges internationaux, pourtant nécessaires à l’atteinte du net-zéro.

L’IEA donne quelques recommandations pour faire face à ces obstacles. Tout d’abord, 

bien que de nombreux pays aient mis en place une stratégie hydrogène, peu intègrent des politiques qui stimulent aussi la demande en hydrogène bas-carbone pour les usages actuels (quotas ou mandats) et des réglementations techno-agnostiques pour les nouveaux usages où des alternatives existent. En plus de rendre les financements disponibles rapidement, les gouvernements peuvent aussi répondre aux risques financiers à court-terme avec des prêts garantis, des facilités de crédit à l'exportation, ou des investissements publics. Il est aussi nécessaire d’améliorer le dialogue entre les autorités en charge de la délivrance des autorisations et licences afin de réduire les durées de développement. Enfin, la coordination internationale, par la mise en place de réglementations et de certifications communes ainsi que la création d’initiatives pour agréger la demande pour les acteurs d’un même secteur, est indispensable pour atteindre le net-zéro.

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