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24.1.23

Regards croisés sur le DAC

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Regards croisés sur le DAC

Jeudi dernier, alors que nous publiions notre étude sur le DAC, paraissait également The State of Carbon Dioxide Removal, un rapport très attendu faisant pour la première fois un état des lieux général du secteur de l’élimination du carbone atmosphérique, de ses évolutions et de ses challenges futurs. Qu’en retenir sur la question du DAC en particulier ?

Un aspect intéressant du rapport est qu’il permet de mettre cette technologie en perspective avec les autres méthodes de CDR. On note par exemple que le DAC ne représente que 2% de l’ensemble des publications scientifiques dans le domaine du CDR. Il est à l’inverse largement en tête des investissements, captant pas moins de 75% des achats reportés sur cdr.fyi. Le DAC est également la méthode ayant fait l’objet du plus grand nombre de brevets sur les 20 dernières années – avec un certain ralentissement observé récemment. Autre tendance intéressante analysée : l’acceptabilité du CDR, un levier crucial pour son déploiement à grande échelle.

Avec moins de 10 ktCO2/an, le DAC représente une infime partie des capacités de CDR actuelles, chiffrées à 2 GtCO2/an, pour l’immense majorité permises par des méthodes dites « conventionnelles » (forestation). Comme nous le précisons dans notre étude, le DAC ne permettra jamais à lui seul de générer l’ensemble des émissions négatives nécessaires pour atteindre la neutralité carbone (5-16 GtCO2/an). Le rapport est ainsi riche d’enseignement quant aux rôles relatifs que pourront jouer dans le temps, d’une part, les méthodes « conventionnelles », et d’autre part, les méthodes « nouvelles » (notamment DACS et BECCS). Si certains scénarios de déploiement, très contraignants, contiennent le réchauffement climatique en-dessous de 2°C en se passant des méthodes « nouvelles » (‘Focus on demand reduction’), une grande majorité font appel à une combinaison de méthodes matures et non matures.

Point clé du rapport, la notion de ‘CDR gap’ (écart entre les quantités nécessaires et les capacités effectivement déployées) fait émerger trois critères essentiels pour assurer une évolution du CDR compatible avec les objectifs climatiques : 

  • Tout d’abord, les méthodes conventionnelles devront continuer à être déployées et maintenues sur les prochaines décennies.
  • Les efforts de RD&D sur les méthodes nouvelles, notamment le DAC, devront également être accrus - si les scénarios misent sur un déploiement à l’échelle tardif, la réussite de ce déploiement ne sera possible que si d’importants progrès sont faits sur le court terme (prochaine décennie).
  • Enfin, compte tenu des incertitudes quant au potentiel et aux rythmes de déploiement de l’ensemble des méthodes, il est crucial de toujours s’assurer que la dépendance au CDR est minimisée grâce à des mesures de réductions des émissions aussi rapides et agressives que possible.
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