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23.5.23

Une relance du nucléaire ?

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Une relance du nucléaire ?

Du 19 au 21 mai dernier a eu lieu le sommet annuel du G7 à Hiroshima au Japon. Dans un contexte de tensions liées à la guerre en Ukraine mais aussi aux menaces d’invasion de Taiwan par la Chine, ce sommet à la localisation symbolique a placé le nucléaire au centre des discussions. En effet, dans une communication parue le 19 mai, le G7 a affirmé sa volonté de développer les usages pacifiques de l’énergie nucléaire, dont la production d’électricité et de chaleur décarbonées.

Côté européen, la conférence de l’Alliance du nucléaire, rassemblant 16 pays membres afin de discuter d’une stratégie pour relancer le nucléaire en Europe, s’est tenue le 16 mai dernier à Paris. Résultat : l’ambition de développer un parc de 150 GW en Europe en 2050, contre environ 100 GW aujourd’hui. Au cœur de cette ambition, 30 à 45 nouveaux grands réacteurs mais aussi des petits réacteurs modulaires (SMR). Le même jour a aussi été voté le projet de loi sur l’accélération du nucléaire en France, afin de mettre en place les conditions propices pour la construction de nouveaux réacteurs EPR2 et SMR, notamment via la simplification des procédures administratives. 

Ces dynamiques géopolitiques semblent s’inscrire dans des tendances de fond plus globales : l’acceptabilité pour l’énergie nucléaire atteint des records (ex des USA), et le nombre de pays annonçant de nouveaux projets augmente rapidement. 

Généralement d’une puissance ne dépassant pas les 300 MWe par unité, les petits réacteurs modulaires (SMR) sont aussi en partie à l’origine de ce regain de popularité.

Au total, plus de 70 designs et concepts de SMR à des stades de développement différents dans le monde sont actuellement étudiés et 68 projets ont déjà été annoncés, avec 3 réacteurs déjà en opération.

En France, plusieurs acteurs ont ainsi dévoilé leurs SMR notamment suite au récent appel à projets de France 2030 pour développer des réacteurs innovants : 

  • EDF avec le projet NUWARD, un réacteur de 340 MWe composé de deux modules de 170 MWe chacun, basés sur la technologie des réacteurs à eau pressurisée de génération III+. NUWARD est destiné à remplacer les centrales à charbon actuelles et à l’approvisionnement en électricité de zones isolées et de réseaux de petite dimension. Le début de la commercialisation est prévu pour 2025.
  • Le projet de la startup Naarea, d’une puissance de quelques dizaines de MW, basé sur la technologie des réacteurs à sels fondus et neutrons rapides de génération IV, et qui a l’avantage d’utiliser les déchets radioactifs de très longue vie comme combustible.
  • La startup Newcleo et son réacteur rapide refroidi au plomb de génération IV d’une puissance de 200 MWe utilisant les MOX comme combustible. La première commercialisation est prévue en 2032.
  • La startup Transmutex et son START d’une puissance actuelle de 100 MWe, qui utilise aussi la technologie des réacteurs rapides refroidis au plomb mais cette fois couplé à un accélérateur de particules, lui permettant d’utiliser du thorium ou de l’uranium comme combustible mais aussi d’améliorer la sûreté du réacteur.
  • Jimmy et son micro-réacteur à haute température (HTR), d’une puissance de 10 MWth destiné à la production de chaleur. Celui-ci a pour avantage d’être plus sûr qu’un réacteur à eau pressurisée.
  • Hexana et son réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium de génération IV, constitué de deux modules de 400 MWth (soit 300 MWe au total), destiné à la décarbonation des procédés industriels. Ce réacteur a aussi l’avantage de recycler les déchets radioactifs et donc de fermer le cycle du combustible. Les premiers réacteurs devraient être installés à partir de 2035.
  • Stellaria développe aussi un réacteur destiné à décarboner les procédés industriels, mais celui-ci est d’une puissance plus réduite de 100 MWe et basé sur la technologie des réacteurs à sels fondus de génération IV. Il permet lui aussi de fermer le cycle du combustible 

 Tous ces projets ont un potentiel de décarbonation intéressant notamment pour l’industrie. Reste à savoir si ceux-ci tiendront leur promesse de réduction des coûts d’installation et de production, condition sine qua non pour voir émerger réellement ces petits réacteurs modulaires.

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