Dans une lettre ouverte au Parlement européen, 24 industriels, think-tanks et acteurs de l’économie du carbone s’associent pour demander l’inclusion d’une diversité de moyens de transport de CO2 dans la réglementation du réseau transeuropéen de transport (TEN-T), qui ne considère actuellement que le transport par pipeline.
Dans la perspective d’une économie du carbone, le CO2 des usines et des centrales les plus émissives est capturé pour être soit stocké (CCS), soit réutilisé (CCU), nécessitant la construction d’infrastructures de transport. Le CO2 peut être transporté de plusieurs manières : par pipeline donc, mais aussi par bateau, par train ou par camion, généralement sous forme liquide ou gazeuse (haute pression). La plupart de ces méthodes sont matures technologiquement, mais restent encore peu déployées.
Sur de longues distances, le choix s’opère principalement entre les pipelines - aujourd’hui plutôt développés aux États-Unis où ils servent surtout dans le cadre de la récupération assistée du pétrole (EOR) - et le transport par bateau - encore peu utilisé mais pouvant s’avérer intéressant dans certaines configurations de volume/distance. Les camions et trains peuvent être pertinents sur des plus courtes distances et pour des volumes plus faibles.
Si les pipelines constituent une solution centralisée, leurs coûts initiaux élevés et leur manque de flexibilité peuvent les rendre insuffisants pour répondre à l’ensemble des besoins dans une future économie européenne du carbone aux acteurs variés. Notamment, les industries de taille petite ou moyenne cherchant à décarboner leurs activités, les acteurs nouveaux de l’économie du carbone, ou les installations générant du CO2 de manière intermittente, pourraient être davantage intéressés par des solutions mobiles, plus flexibles, moins onéreuses et sur de plus courtes distances.
La question du déploiement d’un réseau de transport du CO2 nécessite donc d’adopter une vision stratégique d’ensemble, considérant notamment les disparités entre acteurs et régions. Une réflexion à mener de pair avec les dynamiques d’émergence de l’économie du carbone, par exemple la création de "clusters" ou "hubs" industriels. D’où l’apparent besoin d’une régulation favorisant le déploiement d’un ensemble de méthodes de transport à l’échelle européenne.